Les femmes et l’Irak

XVIIIe Congrès, São Paulo, Brésil, les 24 et 25 octobre 2003

Résolution d’urgence

L’Internationale socialiste des Femmes:

  • rappelle la résolution sur l’Irak adoptée par le Conseil de l’Internationale Socialiste tenu à Rome en janvier de cette année qui préconisait le recours à la légitimité politique des Nations unies plutôt que la logique de la guerre;
  • refuse et condamne la théorie de la guerre préventive et affirme qu’aucun Etat n’a le droit de prendre de décision unilatérale concernant toute intervention militaire en dehors du cadre de référence des Nations unies et sans respect de la loi internationale;
  • déclare, dans sa principale résolution du Congrès sur Les Femmes et la Sécurité Humaine, que la phase de transition de l’état de conflit à celui de paix est un processus difficile, qui n’avance pas en ligne droite et que souvent, après le conflit, les femmes ne jouissent pas de chances égales d’accès au travail ou de participation à la reconstruction de leur communauté;
  • accueille favorablement la Résolution 1511 du Conseil de sécurité de l’ONU qui ramène l’ONU dans le champs de l’action;
  • prie instamment le Conseil gouvernemental irakien de respecter le délai du 15 décembre 2003 fixé dans la Résolution 1511 concernant le calendrier et le programme d’élaboration d’une nouvelle constitution pour l’Irak et la tenue d’élections démocratiques aux termes de cette constitution. La constitution élaborée devra garantir l’égalité entre les femmes et les hommes. A ces fins, les dispositions prises doivent inclure un quota minimum d’un tiers de femmes dans tous les domaines d’intervention: judiciaire, constitutionnel et gouvernemental;
  • salue la Conférence Internationale des Bailleurs de Fonds tenue à Madrid et exige que des fonds suffisants soient affectés aux programmes concernant spécifiquement les femmes;
  • déplore le fait que le Conseil gouvernemental irakien ne comporte que 3 femmes et regrette profondément l’assassinat du membre du Conseil gouvernemental irakien, Aquila al Hashimi;
  • soutient les efforts visant à traduire en justice les responsables de génocide et d’autres crimes perpétrés contre le peuple kurde et irakien et les encourage à garantir la sécurité et la liberté du peuple kurde;
  • fait remarquer que bien que la sécurité soit une préoccupation qui affecte l’ensemble de la population irakienne, le sort des femmes, qui ne peuvent travailler et poursuivre leurs activités ordinaires, est une source particulière d’inquiétude parce qu’elles sont spécifiquement visées;
  • souligne la nécessité de mettre en place un plan de sécurité visant spécifiquement à garantir la protection et la liberté des Irakiennes;
  • considère que pour assurer l’avenir économique des femmes et de leurs familles, des programmes destinés aux femmes, y compris des programmes d’allocation de crédits, doivent être soutenus et que toutes les organisations – y compris la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et les organisations non gouvernementales – qui s’occupent de la planification économique, doivent mettre en place des programmes destinés spécifiquement aux femmes en les incluant dans toutes les étapes de la planification économique.

Finalement, étant donné les conséquences traumatiques du viol, de l’enlèvement et des violences infligées à la population féminine, des programmes spéciaux de soutien et de prise en charge psychologique doivent être offerts, par le biais de projets non gouvernementaux ou de projets de santé administrés par les pouvoirs publics. Les fonds alloués à ces programmes doivent être suffisants pour traiter ces problèmes.