La Paix Sociale et les Violences envers les Femmes

Mexico, Mexique, le 5 septembre 2004

Déclaration

Les violences envers les femmes, sous leurs formes et à degrés divers, sont une réalité tout aussi universelle qu’elle est ancienne. Aucune partie du monde n’en est exempte. Dans tous les pays, dans toutes les cultures, les violences envers les femmes font autant partie des cultures traditionnelles que de la réalité quotidienne. Elles comptent parmi les manifestations les plus claires de l’oppression des femmes et de l’inégalité des sexes, de la manière dont les femmes sont considérées comme des êtres humains ne possédant pas l’intégralité des droits, comme des êtres humains partiels, des êtres humains de deuxième catégorie.

La santé et l’intégrité physique et mentale de chacun dépendent du droit à une vie menée dans la dignité, sans crainte de violences, du droit à la sécurité et à la paix sociale et de la promotion de l’égalité des chances. Les mesures de lutte contre les discriminations doivent être considérées comme des droits légaux fondamentaux, protégés par diverses lois.

Bien que des efforts aient été entrepris pour lutter contre les violences commises à l’égard des femmes, ils se sont révélés insuffisants car au lieu d’être considéré comme un crime grave, symptomatique des discriminations et de l’exclusion motivées par le sexe et par l’âge dont sont victimes les femmes, ce fléau continue d’être relégué au rang des problèmes privés.

Les données et statistiques officielles ne reflètent toujours pas l’ampleur du problème, bien que, comme l’indiquent les faits, les violences envers les femmes touchent au moins une femme sur trois et que, pour tout crime signalé, au moins six autres ne sont pas rendus publics.

Les actions menées au niveau national et international par les organisations de femmes ont joué un rôle fondamental dans les efforts pour soulever ces questions et susciter des débats et pour inciter les gouvernements à les inscrire à leur ordre du jour.

On reconnaît aujourd’hui que les violences envers les femmes constituent une violation des droits de la personne et qu’elles comptent parmi les facteurs qui font de la famille et du foyer, le lieu supposé le plus sûr, un terrain favorable à la criminalité.

Les violences envers les femmes sous leurs formes diverses, y compris le fémicide, leur forme la plus agressive et la plus grave, sont l’expression d’une société dans laquelle les discriminations envers les femmes et l’inégalité des relations de pouvoir découlant d’un système patriarcal demeurent une réalité.

Les violences envers les femmes ont un effet négatif sur la construction de la paix sociale et lui font obstacle. Des mesures seront nécessaires de la part des gouvernements et de la communauté internationale pour les éliminer.

Par conséquent, l’Internationale socialiste des Femmes:

  • Appelle tous les gouvernements á respecter l’ensemble des engagements découlant des conventions, traités et conférences sur les droits des femmes et des enfants en tant que personnes et à garantir que leurs actions soient reflétées dans des plans d’égalité, des politiques publiques, des mesures législatives et des mesures en faveur de l’égalité et de la parité entre les sexes;
  • Appelle les autorités locales, nationales et régionales à promouvoir des réformes législatives complètes visant à éliminer toutes les formes de discrimination et à lutter contre les violences envers les femmes et les filles, à les prévenir, à les punir et à les éradiquer;
  • Souligne que les États doivent garantir un accès facile à la justice, mettre en place, dans les organismes publics et les tribunaux, des services spécialisés adaptés aux besoins et à la diversité culturelle du Mexique et d’autres pays et fournir des informations sur les juridictions légales internationales;
  • Exhorte le gouvernement du Mexique à élaborer les politiques et les mesures établies dans le programme d’action sur les violences envers les femmes afin d’empêcher l’apparition de comportements illégaux et criminels dans la société et de promouvoir la création d’organismes de soutien adéquats au niveau national, municipal et local;
  • Encourage les journalistes et les médias en général à collaborer de toutes les manières possibles afin de promouvoir la diffusion de messages dénués de formules stéréotypées et d’élaborer des relations harmonieuses et égalitaires entre les femmes et les hommes, en respectant les droits de la personne.
  • En outre, l’Internationale socialiste des Femmes, profondément inquiète et choquée par les fémicides de Ciudad Juarez, du Chihuahua et d’autres régions du Mexique, ainsi que par d’autres meurtres semblables commis dans d’autres parties de ce continent, exige instamment que justice soit faite rapidement, que le mal causé soit réparé et que les auteurs de ces crimes et ceux qui se font leurs complices passifs soient punis sévèrement et exhorte le gouvernement mexicain à rendre compte du travail du procureur spécial chargé de l’enquête sur les fémicides ainsi que de la commission spéciale sur Ciudad Juarez et Chihuahua.

Enfin, l’Internationale socialiste des Femmes souhaite affirmer que sa position envers les gouvernements du Mexique et des pays d’Amérique latine et des Caraïbes présents à cette réunion restera celle d’une condamnation et d’une lutte constante contre les actions de discrimination et d’exclusion sociale à tous les niveaux du gouvernement, dans différentes autorités et différents domaines de la société.