Les Femmes et les nouveaux défis de la Gauche en Amérique latine et aux Caraïbes

Managua, Nicaragua, le 23 septembre 2006

Déclaration

En Amérique latine et aux Caraïbes, la globalisation a eu comme effet d’augmenter gravement les différences de statut entre les hommes et les femmes, en particulier sur le plan économique. Malgré l’évidente croissance du nombre de femmes au sein des parlements et autres organismes de prise de décision, les inégalités de genre, au sein des politiques économiques et sociales, continuent d’augmenter.

Les femmes sont utilisées par l’économie mondiale selon diverses formes d’exploitation et de commercialisation. La pauvreté contraint beaucoup de femmes à quitter leur lieu d’origine et à chercher un emploi dans des pays étrangers, souvent comme immigrantes illégales, dans de très dures conditions de travail et d’insécurité.

En outre, en violation flagrante des droits de la personne humaine, les femmes se heurtent à de nombreux obstacles au moment du partage et de l’attribution des postes lors d’une élection populaire, ou de l’accès à des postes de prise de décision dans l’administration publique à tous les niveaux.

Le cas du Chili montre que des lois et des politiques répondant aux besoins des femmes élèvent le statut de ces dernières et leur place économique dans la société. Ceci a contribué de façon évidente à l’élection d’un « Président – Femme », Michelle Bachelet, membre de la famille de l’Internationale Socialiste.

Les participantes de la Réunion régionale de l’ISF attendent des leaders de la Gauche et surtout de ceux issus des partis membres de l’IS, d’Amérique latine et des Caraïbes qu’ils prennent des mesures sérieuses et durables pour garantir une réelle égalité de genre. Dans ce sens, la création d’organisations de femmes au sein des partis politiques est essentielle. Elle permettra de dépasser les caractéristiques socio – culturelles d’hier et d’aujourd’hui dans les rapports entre les hommes et les femmes et le dédain général devant une contribution pourtant positive des femmes à l’économie et la société.

L’Internationale socialiste des Femmes considère que la proposition de Réconciliation nationale faite par le Front Sandiniste de Libération nationale (le FSLN) à travers « l’Alianza Unida Nicaragua Triunfa » est une chance, un moyen de cicatriser les blessures. Elle est un instrument unique vers la création d’un consensus national et la construction d’un horizon commun permettant aux individus mais surtout aux femmes de participer réellement.

Par conséquent, l’Internationale socialiste des Femmes demande aux gouvernements des pays de la région et surtout à ceux dirigés par les partis membres de l’IS de:

  • signer et de ratifier chaque traité, accord, convention et autre pacte internationaux dont l’objectif est d’éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes;
  • garantir l’application de ces traités, accords, conventions et autres pactes quand ils ont été signés et ratifiés;
  • prendre des sanctions légales plus sévères pour punir ceux coupables de toutes les formes de violence à l’égard des femmes;
  • considérer le thème de l’égalité des sexes comme un sujet prioritaire dans les plans et les programmes d’étude, de l’éducation primaire jusqu’au niveau universitaire;
  • encourager la participation des femmes à la vie politique de leur pays en faisant la promotion du leadership des femmes et en leur laissant plus de place dans la fonction publique à travers la création et le développement de mécanismes nationaux permettant une égalité sociale et économique pour les femmes;
  • inclure le sujet des femmes à l’ordre du jour, afin d’augmenter, opportunément et suffisamment, le budget annuel et permettre le développement et l’application de tous les programmes sociaux correspondants et
  • encourager des politiques de développement durable avec une croissance économique centrée sur la réduction de la pauvreté, la protection des ressources naturelles et la promotion des cultures indigènes.

L’Internationale socialiste des Femmes est convaincue que l’insertion des femmes dans la vie politique bénéficiera au développement social, économique et culturel du pays en général.

L’Internationale socialiste des Femmes réunie à Managua, Nicaragua, félicite le FSLN de présenter une liste de 40% de candidates au parlement national et de 30% sur les listes provinciales. Elles garantiront qu’une perspective féministe soit prise en compte dans les politiques futures du gouvernement. L’ISF se félicite particulièrement de la promesse des dirigeants du FSLN de présenter un gouvernement avec 50% de femmes ministres et 50% de femmes dans la fonction publique.