Les droits des femmes dans la région méditerranéenne

XVIe Conférence, Nations unies, New-York, les 6 et 7 septembre 1996

Résolution

L’Internationale socialiste des Femmes:

soutenant la position adoptée par la quatrième conférence mondiale des femmes de l’ONU, qui déclare que les droits des femmes constituent un élément inaliénable, intégral et indivisible des droits fondamentaux de la personne humaine et doivent être reconnus et protégés dans le monde entier, quelle que soit la communauté, sans exceptions dictées par des alibis reposant sur l’appartenance ethnique, la géographie, la culture, la religion. etc…;

convaincue que les femmes et leurs mouvements doivent jouer un rôle décisif pour la paix et la sécurité dans le développement économique et civil de la région méditerranéenne;

préoccupée par le fait que les conflits ethniques, religieux et sociaux qui se déroulent actuellement dans plusieurs pays de la région affectent particulièrement les femmes, les associations humanitaires et ceux qui aident les déshéritées et les victimes de la violence;

dénonçant notamment le fait que ces difficultés sont aggravées en Algérie par la persécution systématique des femmes en tant que telles par les groupes terroristes utilisant le viol, la torture, l’enlèvement et le meurtre, et en tant que citoyennes par la carence de démocratie, la présence de codes et lois autoritaires minorant la femme, niant son droit à l’expression, à ses langues et ses cultures plurielles, ainsi que son droit à une libre information par la censure institutionnnalisée des médias;

est convaincue:

  • de la nécessité de lutter pour la paix dans le monde, pour le dialogue des états, des citoyens, des civilisations, de lutter contre toute violation ou dénégation des droits du citoyen et contre la division de la population en deux classes de citoyens sur les deux rives de la Méditerranée;
  • que la reconnaissance de la citoyenneté des femmes de nationalité étrangère qui ont émigré dans des pays européens est cruciale pour permettre de mener avec efficacité la défense des droits des femmes sur les rives méridionales de la Méditerranée;
  • que la création et la consolidation des contacts entre les associations de femmes des pays de la Méditerranée sont cruciales pour promouvoir le développement de la société civile et la prise en charge par les femmes de leur propre destinée;
  • que la coordination, la communication, l’information et la formation constituent les bases de la coopération des femmes, sur les rives septentrionales et méridionales de la Méditerranée;

Nous demandons aux signataires de l’accord euro-méditerranéen de signer et/ou ratifer la Convention de l’ONU sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), ainsi que tous les Instruments des Droits Humains de l’ONU et de l’Organisation Internationale de Travail (OIT);

Nous demandons aux gouvernements nationaux et à l’Union européenne:

  • d’entreprendre une action politique et d’accorder les ressources financières nécessaires pour consolider les associations de femmes
  • de définir un point de vue sensible aux différences entre les sexes par rapport aux problèmes concernant le développement
  • de favoriser une stratégie de coopération promulguée non seulement par les gouvernements, mais aussi par les ONG de femmes et d’autres organisations bénévoles.