Femmes et Santé: Equilibre entre Travail et Vie Personnelle

Lisbonne, Portugal, les 26 et 27 juin 2001

Résolution

Pour les femmes, le droit au travail rémunéré est un droit social fondamental. En même temps, c’est une nécessité économique qui assure leur indépendance en tant qu’individu.

Le fait que ce droit ne soit pas pleinement reconnu, signifie que les femmes doivent cumuler travail domestique et professionnel étant donné qu’ il n’y a pas assez de politiques publiques claires pour la prise en charge des enfants et des personnes âgées à l’exterieur de la famille et que les hommes ne participent pas encore suffisament aux taches ménagères. Les journées doubles qui en résultent, affectent la santé des femmes, leurs opportunités de carrière et leur reconnaissance sociale et politique. La situation est particulièrement difficile dans les milieux ruraux et dans les petits villages.

Les études récemment réalisées sur le temps de travail des femmes et des hommes montrent que les femmes font un nombre d’heures hebdomadaires supérieur quand les heures payées et non payées sont additionnées. En effet, le travail payé dans le cas des femmes, repréésente, en moyenne, un tiers du total (trois quart pour les hommes) tandis que les heures non payées occupent les deux tiers restant (un quart pour les hommes).

Cette situation fragilise les droits sociaux des femmes et menace la santé des femmes. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS), la santé se traduit par un bien-être physique, psychologique et social. L’OMS demande que chaque personne ait droit à une protection sanitaire de base. C’est le devoir de l’Etat de protéger la santé de tous les individus. Les femmes étant depuis longtemps victimes d’inégalité, les pouvoirs législatifs, exécutifs et les ONG doivent promouvoir les services de soins et les recherches dans les domaines de la santé selon l’approche genre et sexo-spécifique qui mettent en avant des politiques globales à dessein égalitaire. Il est essentiel d’exiger de l’Etat toutes les provisions sociales nécessaires pour prendre en charge les enfants et ceux dont s’occupent habituellement les femmes.

L’inégalité des droits, visible surtout au niveau de la charge de travail des femmes, est, selon la Plate-forme d’action de Pékin (1995), un des principaux obstacles pour que les femmes puissent atteindre le plus haut niveau de santé. D’autre part, la violence exercée sur les femmes et particulièrement la violence domestique est considérée aujourd’hui par l’OMS (Rapport de 1998) comme une question sociale et de santé publique. Bien entendu, nous ne pouvons négliger les problèmes de santé liés tant au sida qu’à l’homicide des femmes, aux troubles physiques et psychologiques ainsi qu’aux problèmes liés aux abus de drogue et d’alcool.

D’autres modèles familiaux sont nécessaires: une famille ou un partenariat où les membres jouissent des mêmes droits fondamentaux et sont respectés en tant que personne, où la vie commune est autre et où les tâches domestiques et le travail rémunéré sont justement répartis. Il est essentiel d’apprendre à résoudre les conflits à travers le dialogue et la négociation. D’autre part, il faut fournir plus d’appui aux familles dans lesquelles la prise en charge des autres incombe exclusivement aux femmes. N’oublions que la pauvreté est essentiellement un problème féminin.

C’est pour cette raison que l’Internationale socialiste des Femmes appelle les gouvernements à:

  • garantir le droit à la santé en mettant l’accent sur les soins primaires et adopter des politiques qui permettent l’accès et l’utilisation équitable des services pour combattre les inégalités sociales et régionales;
  • reconnaître que la surcharge de travail, le manque de temps et de repos sont à l’origine d’un certain nombre de maladies physiques et mentales et d’un profond mécontentement qui portent atteinte au développement personnel auquel chaque individu a droit;
  • effectuer des études permettant d’évaluer le temps et les conditions de travail des hommes et des femmes et les progrès réalisés dans le sens d’une meilleure répartition;
  • incorporer les mesures législatives nécessaires qui permettent de prendre en compte le travail domestique dans le PIB;
  • lancer des campagnes de sensibilisation pour inciter les hommes à s’impliquer autant que les femmes dans l’éducation des enfants et les tâches domestiques;
  • adopter des mesures qui permettent à toutes les unités familiales d’accéder aux structures d’appui. Ces dernières doivent faciliter la garde des enfants (crèches, garderie d’enfants, centres nutritionnelles), la prise en charge des personnes âgées (sécurité sociale, centre de gériatrie) la conciliation de congés de maternité et de paternité avec les responsabilités professionnelles (allocations parentales et familiales). Enfin promouvoir d’autres mesures destinées à soulager les familles qui comportent des personnes à charge tel que les mineurs, les personnes âgées et les handicapés;
  • doter le milieu rural en infrastructures sociales et en équipement nécessaire pour son désenclavement et son intégration.

Enfin, l’Internationale socialiste des Femmes s’engage à soutenir l’action des gouvernements et des organisations qui luttent contre la pauvreté et se battent pour l’amélioration de la santé de la femme à travers le monde.