Non à la législation limitant l’avortement en Turquie

Istanbul, Turquie, le 24 juin 2012

Déclaration

Un recul dangereux est en train de se produire en Turquie en faveur d’une démarche très restrictive dans le cadre de la législation sur l’avortement. L’avortement est légal en Turquie depuis 1983, seulement pour les grossesses jusqu’à 10 semaines et les avortements d’urgence en cas de complications médicales passé ce délai.

En conséquence, en Turquie comme dans de nombreux autres pays du monde, la mortalité maternelle a diminué pour passer de 67 à 20 pour 100 000 naissances vivantes selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé, l’UNICEF, le Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP) et la Banque mondiale pour la période 1990-2010.

Néanmoins, le gouvernement du Parti de la Justice et le Développement (AKP) a récemment fait une proposition tellement sévère et restrictive des conditions de l’avortement, que cela s’assimile à une interdiction de l’avortement. Ce fait découle de la déclaration du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a comparé l’avortement à un meurtre. Tout resserrement de la législation sur l’avortement implique souvent une peine de mort pour les femmes, notamment les plus défavorisées.

Cette attaque contre les droits sexuels et reproductifs des femmes, s’inscrit dans un plan plus large dont le but est de construire une société conservatrice, misogyne et fondamentaliste qui détruirait la tradition et la culture de la Turquie.

L’Internationale socialiste des Femmes, reconnaissant le droit des femmes à l’auto-détermination et à « décider librement et en toute connaissance de cause du nombre et de l’espacement des naissances et à avoir accès aux informations, à l’éducation et aux moyens nécessaires pour leur permettre d’exercer ces droits » comme le déclare l’article 16.1e de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), dont la Turquie est signataire :

Souligne que les droits sexuels et reproductifs sont des droits de la personne humaine ;

Dénonce cette attaque des droits fondamentaux des femmes et demande l’arrêt immédiat de toutes manouvres tendant à l’abolition de l’avortement et ;

Soutient les organisations de femmes et les activistes des droits de la personne humaine dans leurs actions pour défendre les droits sexuels et reproductifs des femmes, y compris le droit à un avortement sûr.

Enfin, l’Internationale socialiste des Femmes insiste auprès de tous les acteurs et institutions régionaux, nationaux et internationaux, y compris l’Union européenne et en particulier les gouvernements dirigés par des socialistes et des socio-démocrates, et tous les partis membres de l’Internationale Socialiste, d’adopter une position ferme contre les récents développements concernant l’avortement en Turquie.

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