Les Objectifs du Millénaire pour le Développement : la vision de l’Internationale socialiste des femmes – un agenda post-2015

Luanda, Angola, 10 – 12 avril 2014

Declaration

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ont été définis en 2000 par les Nations Unies pour éradiquer l’extrême pauvreté à travers le monde, asseoir un développement durable et offrir à tout être une vie décente et digne. Ces objectifs ont eu le mérite de mobiliser la communauté internationale pour bâtir un monde meilleur.

Les OMD ont été un pas important pour un partenariat mondial et pour drainer le soutien à l’égalité de genre de quelques instruments de financement.

Les instruments et mécanismes régionaux, des pays et des Nations Unies auraient pu jouer un rôle plus important pour les femmes et les filles dans la réalisation et le suivi de l’atteinte des OMD. En effet, bien que des progrès significatifs aient été accomplis sur l’ensemble des huit (8) OMD, force est de constater que la réalisation de ces résultats a été lente, qu’ils ont été inégaux et déséquilibrés, particulièrement au regard de la situation des femmes et des filles à travers le monde.

Les OMD, comme véritables enjeux humanitaires, resteront illusoires sans l’égalité des genres, l’émancipation et l’autonomisation des femmes et la fin de la violence sous toute ses formes, conditions indispensables pour la préservation des acquis, qui sont menacés par la croissance démographique, les changements climatiques, les crises politiques et économique ainsi que les conflits de tout genre.

L’inégalité de genre crée et alimente plusieurs inégalités, tels que les violences, l’accès à l’éducation et à la formation, la pauvreté qui a aujourd’hui un visage féminin. En effet, le lien entre pauvreté et inégalité constitue un enjeu majeur de développement et de paix et un outil de lutte contre l’extrême pauvreté.

Aussi, les Organisations membres de l’Internationale Socialiste des Femmes (ISF) et celles de la Société Civile au niveau Afrique, réunies à Luanda du 10 au 12 avril 2014, à l’invitation de OMA, MPLA, après examen des priorités définies par l’ISF pour sa participation à la 58ème session de la Commission des Nations Unies sur le Statut de la Femme (CSW), déclare ce qui suit :

L’accélération de l’atteinte des OMD à l’horizon 2015 doit se fonder sur une approche basée sur la promotion, la protection et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales des femmes, y compris le droit au développement, qui sont universels, indivisibles, interdépendants et intimement liés, devraient être intégrés dans toutes les politiques et programmes visant à l’éradication de la pauvreté. Il y a nécessité de prendre des mesures pour s’assurer que chaque personne a le droit de participer à contribuer et à profiter au développement économique, social, culturel et politique. Une attention égale et des considérations urgentes doivent être accordées à la promotion, la protection et la pleine réalisation des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.

La violence constitue à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté et elle a également un impact sur d’autres objectifs tels que l’emploi, la mortalité maternelle et infantile. Le viol, le trafic et la traite des femmes, le mariage forcé ou précoce, les mutilations génitales féminines et l’exploitation sexuelle des femmes et des jeunes filles en situation de conflits sont des violences et des facteurs de risques pour la transmission du VIH.

Les participants condamnent fermement toutes les formes de violence contre les femmes et les filles.Ils expriment une profonde préoccupation que la discrimination et la violence contre les femmes et les filles continuent à affecter dans toutes les régions du monde. Toutes les formes de violence contre les femmes et les filles sont des obstacles au développement de leur plein potentiel comme des partenaires égaux avec les hommes et les garçons dans tous les aspects de la vie, ainsi que des obstacles à la réalisation des OMD. Pour ce faire les participants mettent un accent particulier à l’accélération de l’atteinte de l’OMD 3 relatif à la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme et la fille, clé de leur accès aux instances délibératives et déclarent une tolérance zéro à toutes formes de discriminations et de violences à l’égard des femmes et des jeunes au sein des partis membres de L’ISF et ses organisations fraternelles, ainsi qu’à toute autre organisation partageant les mêmes valeurs et principes à l’égard des femmes.

Les participantes accueillent favorablement et adhèrent à la Campagne conjointe de L’IS et de L’ISF lancée au cours de cette réunion régionale pour lutter contre toutes formes de violences à l’égard des femmes et des filles.

Si des progrès significatifs ont été réalisés dans les inscriptions de l’école primaire nette et dans la diminution des disparités entre les sexes dans la scolarisation de l’enseignement primaire, il y a lieu d’être préoccupé par l’absence de focus sur le rôle important de la famille et de l’éducation des femmes et des filles au sein de cette cellule, base de la construction de toute société, ainsi que la qualité de l’enseignement et la formation professionnelle pour les filles. Il faut noter aussi l’absence de progrès à combler les écarts entre les sexes dans l’accès à, la rétention et l’achèvement de l’enseignement secondaire, pour contribuer plus fortement que la fréquentation de l’école primaire à la réalisation de l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et les droits fondamentaux des femmes et des filles et des plusieurs bienfaits sociaux et économiques. La majorité des jeunes femmes manquent d’éducation de base. L’éducation et la formation des femmes et des jeunes filles au sein de leur famille et à l’école s’avèrent clés pour les libérer et sont des conditions préalables pour la lutte contre la pauvreté.

La lutte contre la pauvreté est une priorité, considérant le fait que plus de 70% des pauvres sont des femmes. Le rôle des femmes dans la sécurité alimentaire, le bien être des familles et l’agriculture et la gestion des catastrophes et autres effets des changements climatiques est mondialement reconnu. Toutefois, l’accès à la terre, aux moyens de production et aux biens est encore trop faible, voire même inexistant dans certains pays. Lutter contre la pauvreté implique lutter contre les inégalités qui existent entre l’homme et la femme et leur garantir les droits y compris fonciers et aux ressources économiques.

L’Internationale Socialiste des Femmes (L’ISF) et les organisations de la société civile réunis à Luanda sont toutes convaincus et engagés que : Eliminer la violence, éduquer/former pour libérer et éradiquer la pauvreté sont les trois leviers clés pour l’atteinte de tout objectif pour un monde meilleur.

______________