Article de Pia Locatelli, Présidente Honoraire de l’ISF​

J’ai été élue présidente de l’Internationale socialiste des Femmes (ISF) en octobre 2003 à Sao Paulo, au Brésil, en Amérique latine ; un deuxième mandat m’a été confié lors du Congrès suivant, en juin 2008 à Athènes, en Europe ; j’ai ensuite passé le relais à ma remplaçante, Ouafa Haji, en août 2012 au Cap, en Afrique.

Trois Congrès sur trois continents différents donnent une idée de la dimension mondiale de l’Internationale socialiste des Femmes, la plus ancienne et la plus grande organisation politique de femmes : elle rassemble plus d’une centaine d’organisations de femmes actives sur tous les continents, faisant participer des milliers de femmes dans différents pays, qui parlent toutes le même langage pour l’égalité des sexes, l’émancipation des femmes, la représentation politique, la lutte contre toutes les formes de discrimination, l’éradication de la violence à l’égard des femmes….

Être présidente de l’ISF a été l’expérience la plus intéressante, la plus engagée et la plus passionnante de ma longue carrière politique. C’est avec fierté que j’ai occupé ce poste et je ressentais fortement la responsabilité de diriger un réseau aussi étendu d’organisations politiques féminines auquel les femmes du monde entier doivent beaucoup.

La présence socialiste a marqué toutes les étapes et tous les pas importants de la longue marche, ou plutôt du marathon, pour les progrès des femmes et, pour utiliser une expression qui est tombée en désuétude, pour l’émancipation des femmes.

La solidarité internationale caractérise notre mission depuis notre fondation qui remonte à 1907 : lors de la conférence fondatrice de l’ISF à Stuttgart en 1907, les cinquante-huit déléguées ont adopté une résolution sur le suffrage des femmes qui a été le point de départ d’une lutte inlassable pour les droits politiques des femmes que nous avons menée également en alliance avec des femmes n’appartenant pas à la famille socialiste.

Le mot d’ordre de l’Internationale socialiste des Femmes a toujours été le respect des droits des femmes en tant que droits humains : lorsque nous avons œuvré à l’éradication de la pauvreté ou à la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des filles ; lorsque nous avons fait campagne pour une meilleure éducation des filles ou pour les droits sexuels et génésiques des femmes. Nous n’avons pas eu besoin d’attendre la conférence de Vienne de 1993 sur les droits humains pour proclamer que les droits des femmes sont des droits humains !

Toutes ces raisons me rendent fière d’appartenir à la famille politique de l’ISF et d’y avoir servi, mais il y en a une que je considère comme exceptionnelle : le 8 mars, Journée internationale de la femme, vient de nous, de l’Internationale socialiste des Femmes. C’est à Copenhague, en août 1910, lors de notre deuxième conférence, qu’une résolution a été adoptée pour réserver un jour de l’année, le premier dimanche de mars, à la Journée internationale de la femme. Cela s’est passé en Europe, ce que l’on appelle l’ancien monde. Dans le nouveau monde, aux États-Unis d’Amérique, le 25 mars 1911, un incendie s’est déclaré à la Triangle Shirtwaist Company, à New York : environ 146 travailleurs, dont de nombreuses femmes et jeunes filles, immigrées d’Italie ou des shtetls d’Europe de l’Est, y ont péri. Par un tragique concours d’idées et d’événements, la Journée internationale de la femme avait été célébrée pour la première fois quelques jours seulement avant cet incendie. Les deux sont ainsi devenus indissociables dans les manifestations qui ont lieu chaque année dans le monde entier le 8 mars, Journée internationale de la femme. Comment ne pas être fières de cette origine socialiste du 8 mars ?

Pia Locatelli
Présidente honoraire de l’ISF